ENJEUX

ÉCOLOGIQUES

CONTEXTE

Parfois, les animaux utilisent des caractéristiques de l’environnement pour évaluer la qualité d’un habitat, ce qui reste bénéfique tant que ces indices restent fortement corrélés avec la véritable richesse de l’habitat.
Certains changements d’habitat par l’homme peuvent modifier cette relation, si bien que ces indices ne sont plus corrélés avec la richesse de l’habitat.
Si les animaux continuent à utiliser ces indices, en étant trompés, cela peut amener à des conséquences sur leur croissance, leur survie ou leur reproduction.
De telles situations correspondent alors à un piège écologique.
De tout temps, les thons se sont associés aux billes de bois ou autres débris végétaux dérivant à la surface des océans.
En déployant des DCP artificiels, les pêcheurs augmentent le nombre d’objets flottants, ce qui modifie l’habitat des thons.
Est-ce que cette modification conduit les thons à aller dans des zones pauvres (en suivant les DCP), avec des effets négatifs sur leur condition, leur croissance ou leur reproduction ?

VERROUS

Approfondir nos connaissances sur le comportement associatif des thons et ses effets sur la biologie est necessaire afin de pouvoir prédire les conséquences de l’augmentation du nombre d’objets flottants sur l’écologie des thons.


Il s’agit de comprendre si les thons restent piégés dans un réseau de DCP, ou au contraire en partent, lorsque l’environnement leur est défavorable (diminuant leur condition physiologique).

ACTIONS

1. Comportement

Des mesures du temps que les thons passent autour d’un DCP dérivant et du temps passé entre deux associations (quand le thon est en banc libre) seront faites en équipant les thons de marques acoustiques (par chirurgie) et en équipant les DCP dérivants d’une même zone de récepteurs acoustiques capables de transmettre leurs données par satellite. Si les temps de résidence des thons autour des DCP dérivants ont déjà été mesurés précédemment, les temps de trajet entre deux DCP voisins n’ont jamais été mesurés en raison de la difficulté d’instrumenter des DCP dérivants d’un même réseau, au contraire de ce qui a été fait pour les DCP ancrés.
Un modèle de comportement des thons sera développé à partir de ces données pour évaluer les effets de différentes densités de DCP sur la dynamique des thons, y compris la possible fragmentation des bancs de thons.

2. PHYSIOLOGIE

Les thons sont connus pour avoir généralement l’estomac vide et être plus maigres lorsqu’ils sont autour des objets flottants que lorsqu’ils sont en bancs libres.
Des mesures d’un indicateur de condition des thons (la quantité relative d’eau intracellulaire et extracellulaire, mesurée à partir de bio-impédance électrique) seront faites sur des thons en captivité qui seront soumis à des phases de jeûne et d’alimentation de durées variables. Ces durées d’alternance de diète et d’alimentation simuleront les phases d’association aux objets flottants et celles en bancs libres. Comprendre comment ce facteur de condition des thons évolue en milieu contrôlé permettra d’interpréter les mesures de condition réalisées en parallèle sur des thons pêchés dans l’océan autour d’objets flottants ou en bancs libres.

3. Modèle intégré

Un modèle intégrant connaissances comportementales et physiologiques sera développé pour construire des scenarios d’évolution des facteurs de conditions des thons en fonction du nombre de DCP, et étudier trois hypothèses :
a) les thons s’associent aux DCP lorsque leur facteur de condition est élevé,
b) les thons s’associent aux DCP lorsque leur facteur de condition est faible,
c) les thons s’associent aux DCP indépendamment de l’état de leur facteur de condition
En particulier, ce modèle permettra d’identifier si certaines valeurs « seuil » de densités de DCP génèrent des effets négatifs sur le comportement et la physiologie des thons tropicaux.
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